Passeurs de mémoire
de la Shoah
Ginette Kolinka Florence Schulmann Joseph Weismann Rosette Wielblad
Les uns ont été déportés, les autres sont nés dans les camps ; certains ont été arrêtés et conduits au Vél d’Hiv, quand d’autres ont passé des années à fuir de cachette en cachette ; les uns ont finalement été libérés, d’autres se sont évadés après avoir traversé une forêt de barbelés. Tous sont des survivants juifs de la Shoah. Il faut les entendre.
« Maman, j’ai cru qu’un jour je te retrouverai. Je te cherche encore. »
Rosette Wielblad
Elle avait 9 ans en 1942 lorsqu’elle a traversé la frontière suisse laissant derrière elle ses parents qui furent déportés sans retour. Elle en a 89 ans aujourd’hui et des yeux qui pétillent la joie de vivre, malgré les ténèbres de son enfance pendant laquelle elle a été ballottée d’orphelinats en maisons d’enfance, oscillant de rebondissements en renaissance, de désillusions en espérances.
« On était relativement heureux, mais on ne s’en rendait pas compte. »
Née à Paris, de parents polonais, Rosette a vécu heureuse en famille jusqu’à l’âge de 9 ans. « La Shoah nous a transformés complètement. »
« Dépêche-toi parce qu’ils prennent aussi les enfants. »
Ses parents l’ont cachée chez une nourrice pour échapper à une rafle. Le jour de ses 9 ans, alors que sa mère devait lui porter son gâteau d’anniversaire, Rosette apprend que ses parents ont été arrêtés. « Je ne réalisais pas du tout qu’ils allaient mourir. »
« Ne prends pas tes poupées. »
Rosette et sa sœur fuient la capitale pour retrouver leur oncle à proximité de Grenoble. Par miracle, ce dernier parvient à réunir l’argent nécessaire pour faire passer la frontière suisse à ses trois enfants et ses deux nièces.
« Il nous a laissés dans la nuit, dans les bois. »
Dans leur fuite vers la Suisse, Rosette et une quinzaine d’autres enfants se retrouvent en pleine nuit dans les bois. « Tu crois qu’on va nous tuer ? » demande Rosette à l’aîné des enfants, âgé de 16 ans. « Tu le verras bien », lui répond-il.
« Mon oncle mettait son oreille dans la radio pour écouter les listes. »
Réunis à la Libération, Rosette et son oncle écoutent la radio qui égrène chaque jour les noms des survivants des camps. Après que la dernière liste est donnée, son oncle lui annonce : « Ça y est, moi j’ai perdu deux enfants et toi tu as perdu tes parents. »
« Je n’ai jamais pu demander un conseil à ma mère. »
Aujourd’hui, quand Rosette se promène dans la rue, elle entend parfois des enfants dire : « Faut que je demande à maman. » Une phrase anodine qui, systématiquement, la renvoie « tout à coup en arrière ». En vieillissant, cette « éternelle absence » est de plus en plus douloureuse.
« Maman, ce mot qui me fait tressaillir. »
Il y a quelques années, Rosette a écrit une longue lettre à sa mère. Ce fut l’occasion pour elle de lui dire combien elle l’aime et combien elle lui a manqué. « J’ai cru qu’un jour je te retrouverais. Je te cherche encore. »
Haut de page
Passeurs de mémoire de la Shoah
Ginette Kolinka Florence Schulmann Joseph Weismann Rosette Wielblad
Les uns ont été déportés, les autres sont nés dans les camps ; certains ont été arrêtés et conduits au Vél d’Hiv, quand d’autres ont passé des années à fuir de cachette en cachette ; les uns ont finalement été libérés, d’autres se sont évadés après avoir traversé une forêt de barbelés. Tous sont des survivants juifs de la Shoah. Il faut les entendre.
« Maman, j’ai cru qu’un jour je te retrouverai. Je te cherche encore. »
Rosette Wielblad
Elle avait 9 ans en 1942 lorsqu’elle a traversé la frontière suisse laissant derrière elle ses parents qui furent déportés sans retour. Elle en a 89 ans aujourd’hui et des yeux qui pétillent la joie de vivre, malgré les ténèbres de son enfance pendant laquelle elle a été ballottée d’orphelinats en maisons d’enfance, oscillant de rebondissements en renaissance, de désillusions en espérances.
« On était relativement heureux, mais on ne s’en rendait pas compte. »
Née à Paris, de parents polonais, Rosette a vécu heureuse en famille jusqu’à l’âge de 9 ans. « La Shoah nous a transformés complètement. »
« Dépêche-toi parce qu’ils prennent aussi les enfants. »
Ses parents l’ont cachée chez une nourrice pour échapper à une rafle. Le jour de ses 9 ans, alors que sa mère devait lui porter son gâteau d’anniversaire, Rosette apprend que ses parents ont été arrêtés. « Je ne réalisais pas du tout qu’ils allaient mourir. »
« Ne prends pas tes poupées. »
Rosette et sa sœur fuient la capitale pour retrouver leur oncle à proximité de Grenoble. Par miracle, ce dernier parvient à réunir l’argent nécessaire pour faire passer la frontière suisse à ses trois enfants et ses deux nièces.
« Il nous a laissés dans la nuit, dans les bois. »
Dans leur fuite vers la Suisse, Rosette et une quinzaine d’autres enfants se retrouvent en pleine nuit dans les bois. « Tu crois qu’on va nous tuer ? » demande Rosette à l’aîné des enfants, âgé de 16 ans. « Tu le verras bien », lui répond-il.
« Mon oncle mettait son oreille dans la radio pour écouter les listes. »
Réunis à la Libération, Rosette et son oncle écoutent la radio qui égrène chaque jour les noms des survivants des camps. Après que la dernière liste est donnée, son oncle lui annonce : « Ça y est, moi j’ai perdu deux enfants et toi tu as perdu tes parents. »
« Je n’ai jamais pu demander un conseil à ma mère. »
Aujourd’hui, quand Rosette se promène dans la rue, elle entend parfois des enfants dire : « Faut que je demande à maman. » Une phrase anodine qui, systématiquement, la renvoie « tout à coup en arrière ». En vieillissant, cette « éternelle absence » est de plus en plus douloureuse.
« Maman, ce mot qui me fait tressaillir. »
Il y a quelques années, Rosette a écrit une longue lettre à sa mère. Ce fut l’occasion pour elle de lui dire combien elle l’aime et combien elle lui a manqué. « J’ai cru qu’un jour je te retrouverais. Je te cherche encore. »
Haut de page