Passeurs de mémoire
de la Shoah
Ginette Kolinka Florence Schulmann Joseph Weismann Rosette Wielblad
Les uns ont été déportés, les autres sont nés dans les camps ; certains ont été arrêtés et conduits au Vél d’Hiv, quand d’autres ont passé des années à fuir de cachette en cachette ; les uns ont finalement été libérés, d’autres se sont évadés après avoir traversé une forêt de barbelés. Tous sont des survivants juifs de la Shoah. Il faut les entendre.
« Je suis une passeuse de mémoire, c’est pour ça que je parle, pour que d’autres se souviennent quand je ne serai plus là. »
Ginette Kolinka
C’est l’une des dernières survivantes de la Shoah. Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 avec son père, son petit frère et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Birkenau. Elle sera seule à revenir. Aujourd’hui, elle sillonne la France et raconte son histoire dans toutes les écoles pour qu’on n’oublie pas…
« Pour moi, tout le monde était au courant. »
Après son retour des camps, Ginette a tenu avec son mari un étal de bonneterie sur un marché de Seine-Saint-Denis. Un jour, au détour d’une conversation avec une cliente, elle découvre avec stupeur que la Shoah demeure méconnue.
« C’était au moins une cinquantaine d’années après mon retour, cette histoire. Pour moi, tout le monde était au courant de cette période de déportation. Eh bien pas du tout, même encore maintenant, il y a des personnes qui ne sont pas au courant. »
« Jamais, jamais, jamais, ma mère ne m’a fait aucun reproche. »
Libérée en 1945, Ginette Kolinka rentre à Paris où elle retrouve sa mère qui ignorait tout de la réalité des camps. À peine arrivée dans l’appartement familial, Ginette lui « jette en pleine face » qu’elle ne reverra jamais son mari et son fils, gazés et brûlés à Birkenau. Une scène et des remords qui la hantent encore aujourd’hui.
« Parce que j’étais endurcie par le camp, ma mère a appris brutalement que son mari et son fils avaient été gazés et brûlés. Mais jamais, jamais, jamais, ma mère ne m’a fait aucun reproche. »
« Je suis nue et je suis malade de cette nudité. »
Ginette Kolinka décrit l’état de sidération qui la saisit dès son arrivée à Birkenau. Elle relate l’effroyable quotidien, la hargne des tortionnaires, les humiliations et les sévices continuels, les détenues retrouvées mortes au petit matin qu’il faut traîner dehors pour l’appel… « Vous arrivez, immédiatement, vous n’êtes plus un être humain. Et la méthode, elle est extraordinaire : on vous met nu. Eh bien, quand vous êtes nu, vous n’êtes plus rien. Mes souvenirs, c’est ça, je suis nue et je suis malade de cette nudité. »
« Elle essayait de se sauver la vie. »
Vivant dans l’insalubrité la plus totale et continuellement menacées d’exécution en raison de leur mauvaise santé, Ginette et ses codétenues n’avaient d’autre choix que de recourir à des moyens rudimentaires et sordides pour cicatriser leurs plaies et tenter ainsi de « se sauver la vie ». « On apprend que dans les urines il y a de l’ammoniac. On apprend que l’ammoniac peut cautériser les plaies superficielles. Et voilà pourquoi cette femme se lavait avec ses urines. Elle essayait de se sauver la vie. »
« Je souhaite à tout le monde d’avoir la vie que j’ai eue. »
Malgré les ténèbres de son enfance, Ginette Kolinka souhaite à tout le monde d’avoir une existence aussi heureuse que la sienne, « en excluant la période nazie ». Elle invite chacun à la tolérance, seule option possible pour combattre la haine.
« Au nom de tous les déportés, s’il vous plaît, s’il vous plaît, soyez tolérant. »
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Passeurs de mémoire de la Shoah
Ginette Kolinka Florence Schulmann Joseph Weismann Rosette Wielblad
Les uns ont été déportés, les autres sont nés dans les camps ; certains ont été arrêtés et conduits au Vél d’Hiv, quand d’autres ont passé des années à fuir de cachette en cachette ; les uns ont finalement été libérés, d’autres se sont évadés après avoir traversé une forêt de barbelés. Tous sont des survivants juifs de la Shoah. Il faut les entendre.
« Je suis une passeuse de mémoire, c’est pour ça que je parle, pour que d’autres se souviennent quand je ne serai plus là. »
Ginette Kolinka
C’est l’une des dernières survivantes de la Shoah. Arrêtée par la Gestapo en mars 1944 avec son père, son petit frère et son neveu, Ginette Kolinka est déportée à Birkenau. Elle sera seule à revenir. Aujourd’hui, elle sillonne la France et raconte son histoire dans toutes les écoles pour qu’on n’oublie pas…
« Pour moi, tout le monde était au courant. »
Après son retour des camps, Ginette a tenu avec son mari un étal de bonneterie sur un marché de Seine-Saint-Denis. Un jour, au détour d’une conversation avec une cliente, elle découvre avec stupeur que la Shoah demeure méconnue.
« C’était au moins une cinquantaine d’années après mon retour, cette histoire. Pour moi, tout le monde était au courant de cette période de déportation. Eh bien pas du tout, même encore maintenant, il y a des personnes qui ne sont pas au courant. »
« Jamais, jamais, jamais, ma mère ne m’a fait aucun reproche. »
Libérée en 1945, Ginette Kolinka rentre à Paris où elle retrouve sa mère qui ignorait tout de la réalité des camps. À peine arrivée dans l’appartement familial, Ginette lui « jette en pleine face » qu’elle ne reverra jamais son mari et son fils, gazés et brûlés à Birkenau. Une scène et des remords qui la hantent encore aujourd’hui.
« Parce que j’étais endurcie par le camp, ma mère a appris brutalement que son mari et son fils avaient été gazés et brûlés. Mais jamais, jamais, jamais, ma mère ne m’a fait aucun reproche. »
« Je suis nue et je suis malade de cette nudité. »
Ginette Kolinka décrit l’état de sidération qui la saisit dès son arrivée à Birkenau. Elle relate l’effroyable quotidien, la hargne des tortionnaires, les humiliations et les sévices continuels, les détenues retrouvées mortes au petit matin qu’il faut traîner dehors pour l’appel… « Vous arrivez, immédiatement, vous n’êtes plus un être humain. Et la méthode, elle est extraordinaire : on vous met nu. Eh bien, quand vous êtes nu, vous n’êtes plus rien. Mes souvenirs, c’est ça, je suis nue et je suis malade de cette nudité. »
« Elle essayait de se sauver la vie. »
Vivant dans l’insalubrité la plus totale et continuellement menacées d’exécution en raison de leur mauvaise santé, Ginette et ses codétenues n’avaient d’autre choix que de recourir à des moyens rudimentaires et sordides pour cicatriser leurs plaies et tenter ainsi de « se sauver la vie ». « On apprend que dans les urines il y a de l’ammoniac. On apprend que l’ammoniac peut cautériser les plaies superficielles. Et voilà pourquoi cette femme se lavait avec ses urines. Elle essayait de se sauver la vie. »
« Je souhaite à tout le monde d’avoir la vie que j’ai eue. »
Malgré les ténèbres de son enfance, Ginette Kolinka souhaite à tout le monde d’avoir une existence aussi heureuse que la sienne, « en excluant la période nazie ». Elle invite chacun à la tolérance, seule option possible pour combattre la haine.
« Au nom de tous les déportés, s’il vous plaît, s’il vous plaît, soyez tolérant. »
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